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Une promotion de Judas

« Erat enim latro », c'est bientôt dit…
Paul Claudel, La Mort de Judas

On ne fait pas exprès de lire du Claudel.

Pour sa Mort de Judas, que s'est infligée un de nos amis, le hasard est seul responsable.

Ayant entre les mains l'étude remarquable du Révérend Père de Lubac, Le Drame de l'humanisme athée 1, il est tombé sur un extrait de quelques lignes de ce Judas, citées de confiance par le religieux philosophe, et il a reculé non d'horreur, mais d'étonnement, devant cette image imprévue :

— Ça, Judas ? première nouvelle !

Oui, jusqu'ici, et de tout temps, l'on s'était appliqué à montrer un individu ignoble, un cœur immonde ; voilà qu'en style goguenard lui étaient décernées des ambitions hautaines, des prétentions au bel esprit. Du corps de ce sale pourceau s'échappait comme un composé de Monsieur Prudhomme et du docteur Faust. Et la figuration était reçue argent comptant. Le faux Judas tout neuf passait comme lettre à la poste. Telle est la fausse gloire. Celui qu'elle couronne y gagne un crédit sans mesure, qui inspire d'effarantes crédulités.

Ne voulant pas juger ce Judas sur un spécimen de vingt lignes, notre ami s'enquit du contexte. On finit par le lui trouver. Ce qui l'avança peu.

Car c'était bien ça ! Un Judas gradué en philosophie et déguisé en patriote nationaliste par les soins de M. Claudel ! Un Judas qui nazarde, en les invoquant, les principes de la raison, les bonnes coutumes locales, l'ordre, le sens commun, la tradition, l'intérêt national, pêle-mêle avec l'État et la Religion… En vérité, l'extrait auquel on n'avait pas voulu se tenir était sans reproche, et le Père de Lubac méritait toute confiance, hors en celle qu'il avait prodiguée à M. Claudel ; sa coupure, parfaitement choisie, taillée et limitée, ne laissait guère de côté que broutilles et broderies.

Mais, en lisant de bout en bout cette caricature universitaire du patriotisme, de l'esprit critique et du désir de savoir ou de comprendre, notre ami dut encore admirer combien tout y tranchait sur le Judas de l'Évangile.

Que disent de Judas les Évangiles, les Actes, les Épîtres et, si l'on veut, la révélation, bien postérieure, de la sœur Catherine Emmerich 2 ? Les sources sont toutes d'accord : il fut traître et avare, traître par avarice ; un point, c'est tout.

Notre ami a voulu tout revoir pour s'en assurer, bien que le compte de Judas soit réglé par saint Jean en quelques lignes souveraines.

Le quatrième Évangéliste, si sobre sur les choses, tout aux sentiments et aux idées, ne veut pas pousser l'analyse plus loin que la carapace du dégoûtant personnage. Marie vient de verser sur les pieds sacrés la livre odorante d'un nard pur et très cher, la maison tout entière embaume, mais, dit Jean, « Judas l'Iscariote, celui qui devait le trahir, dit : “Pourquoi n'avoir pas vendu ce parfum trois cents deniers qu'on aurait pu donner aux pauvres ?” S'il parlait ainsi, ce n'était pas qu'il eût grand souci des pauvres, mais c'est qu'il était voleur et que, ayant la bourse, il faisait des détournements » XII, 4, 5, 6, 7. Dans deux synoptiques, Mathieu, XXVI et Marc, XIV, la même scène est enrichie de deux détails : Judas n'a pas été le seul à murmurer, l'onction de Madeleine a déplu à d'autres disciples ; mais c'est tout de suite et comme par un déclic, mû par la prodigalité de la sainte femme, que Judas a couru chez les Princes des Prêtres, engager les pourparlers de la livraison de Jésus ; l'œuvre du traître s'enchaîne à l'émotion rapace du voleur. Qu'un scrupule d'économie étroite ou de fausse prudence ait affleuré d'autres disciples, cela n'a point de conséquence ; mais violent, puissant et dominateur, le même sentiment précipite Judas à sa damnation. Son centre est là, il n'est que là, et se révèle aux objets de son aversion.

La générosité de cœur touche les simples qui sont droits, mais irrite les bas et les vils. Le vase d'albâtre de Marie-Madeleine déchaîna les premiers réflexes qui mirent Judas hors de lui. Or, voici que, plus large et plus généreux encore, Jésus va distribuer aux apôtres sa chair et son sang. Il va même tendre à Judas une suprême bouchée de son pain mystique. Judas va sortir du Cénacle, plus irrité encore que de la maison de Béthanie. C'est un trait capital. On se fût attendu ici à quelque arrêt de la pensée de M. Claudel. Rien. Lui qui, nous a-t-on dit, a « pillé amoureusement la Bible » ! Lui qui n'a été « sollicité » que de ce « seul livre », de ce « seul sujet » !

Lui qui a, paraît-il, élevé « la seule grande voix humaine au service de la parfaite foi étreignant la parfaite évidence » (car, on le lui a dit en pleine figure « un poème claudélien non pénétré de grâce divine est inimaginable »). Lui, enfin, n'a pas lu ce chapitre XIII de Jean, ou bien il ne l'a pas compris ! On voit le diable entré dans Judas, et ce diable y mettant le dessein de trahir : « À peine a-t-il pris la bouchée de pain », il quitte la table, s'en va, on ne le revoit plus que dans l'acte de la prodition. Tout semble se passer comme si la succession des phases de la Pâque aboutissait à faire de Judas l'antagoniste direct et l'ennemi parfait de l'Amour. Ainsi en déposent la Foi, la Grâce, l'Évidence, acolytes habituels de ce grand scrutateur de la Bible : en aurait-il été abandonné misérablement ? Les filigranes sont à peine voilés ici : il n'en a rien lu. On ne peut dire qu'il ait raté la scène à faire de son Judas, il ne l'a pas vue. Pourquoi ? Comment ? Ce n'est qu'un tout petit problème de littérature. Il nous convient de le poser dès maintenant.

Les autres Évangélistes relatent le baiser du jardin, la pendaison du Champ du Sang. Saint Mathieu recueille ce que l'on pourrait appeler la seule parole humaine de Judas, quand le traître va éructer aux Princes des Prêtres son borborygme : « J'ai péché en versant le sang innocent. » Ensuite, nous disent les Actes, « il tomba la tête en avant », et qu'est-ce qui se répandit ? Sa cervelle ? Non : ses boyaux ; « il a crevé par le milieu ». Signe nouveau qu'il serait sage de s'en tenir au rude procès-verbal de saint Jean : ni idées, ni sentiments, ni passions, en dehors de l'ignoble quadrille : garder, gagner, voler, trahir.

En proie à ces quatre démons, Judas ne peut être un croyant, mais n'a rien de commun, non plus, avec quelqu'un qui douterait ou chercherait. Il ne laisse pas entrevoir la plus pâle des fausses escarboucles dont M. Claudel a cru devoir consteller son mannequin : non, pas le moindre « intérêt » pour « l'aventure » évangélique, ni « profond », ni « sérieux », ni superficiel ; aucune « espèce de curiosité scientifique ou psychologique » (qui aurait été « toujours en lui » !) Nul évangéliste ne lui attribue de « goût » pour la « spéculation » religieuse, et nulle part Judas ne dit ni ne fait rien qui vise soit l'ensemble, soit un détail de la prédication de Jésus. M. Claudel lui accorde de l'instruction, de la distinction avec la connaissance des Écritures. Il est bien bon, il est bien large ! Cette érudition n'est décelée à aucun mot, à aucun geste qui soit historique. M. Claudel lui enfourne des arguments d'école. On n'en trouve pas l'ombre dans le texte du « rôle » authentique. Ce traître et ce voleur a certainement possédé une tête ; les documents ne font rien présumer de ce qu'il y eut dedans, ils ne mettent en cause que son mauvais cœur.

Mais M. Paul Claudel en a vu plus long que saint Jean, saint Luc, saint Marc et saint Mathieu ensemble, de ce qui s'est joué sur le théâtre intérieur de ce misérable. De la plaidoirie personnelle qu'il lui prête, voyons la fleur, celle que le Père de a recueillie, c'est le cas de le dire, comme parole d'Évangile :

Tout mon malheur est qu'à aucun moment je n'ai pu perdre mes facultés de contrôle et de critique. Je suis comme ça. Les gens de Cariotte sont comme ça. Une espèce de gros bon sens. Quand j'entends dire qu'il faut tendre la joue gauche ou payer aussi cher pour une heure de travail que pour dix, ou haïr son père, et laisser les morts ensevelir leurs morts et maudire son figuier parce qu'il ne produit pas des abricots au mois de mars, et ne pas lever un cil sur une jolie femme, et ce défi continuel au sens commun, à la nature et à l'équité, évidemment je fais la part de l'éloquence et de l'exagération, mais je n'aime pas ça et je suis froissé. Il y a en moi un appétit de logique ou, si vous aimez mieux, une espèce de sentiment moyen qui n'est pas satisfait. Un instinct de la mesure. Nous sommes tous comme ça dans la cité de Cariotte. En trois ans, je n'ai pas entendu l'ombre d'une discussion raisonnable.

D'où nous pleuvent ces belles choses ? On nous le dit plus loin. Elles sont dégoisées de « positions hautement philosophiques » et M. Paul Claudel fait déclarer à sa marionnette, le plus goethiquement qu'il peut, la tirade « philosophie, philologie, sociologie et toi, triste théologie » du premier Faust. Cet invraisemblable docteur de la comédie claudélienne est une seconde mouture de Monsieur Homais, rehaussé de criticisme ou requinqué de positivisme. Le Père de Lubac paraît bien aise d'apparenter Auguste Comte à ce néo-Judas. Mais M. Claudel, en train d'énergie, est allé plus loin. Il a inséré dans le même passe-partout Goethe, Kant, Renan, qui encore ? Il aurait pu y mettre don Juan, Napoléon, Renouvier et M. Bergson. Tout est dans tout. Seulement, rien n'est à sa place ici, et une chose est absolument sûre : les « facultés de contrôle et de critique », revendiquées par le Judas revu et embelli sont de pures inventions de M. Claudel. De même, et non moins gratuits, le « gros bon sens » de son héros, ou sa nostalgie d'une « discussion raisonnable ».

« L'argent seul préoccupait son esprit », décrit la sœur Catherine Emmerich de l'homme-loup défini par saint Jean. Il a les instincts de la bête. La grâce ou la vertu le troublent, il répond par les soubresauts de la colère. S'il fallait lui trouver des points de comparaison à sa taille, on irait chercher dans l'échelle animale : la fourmi avare, la pie voleuse ou quelque anthropopithèque assez malin pour jouer et mimer « ce souci des pauvres » que saint Jean refuse de prendre au sérieux. Tout ce qui fut du vrai Judas se passa sur un plan infra-intellectuel.

Quant à désirer de comprendre Jésus, à regretter de n'y pas réussir, à déplorer ou à blâmer l'ambiguïté de ses paraboles, et, pour les contester, rétablir l'ordre des saisons de la figue et de l'abricot, réclamer un salaire proportionné à l'horaire du travail, c'est encore et toujours par les seules fantaisies et faveurs de M. Claudel que Judas exécute tous ces beaux tours. De semblables soucis n'ont jamais habité les obscures méninges du trafiquant déicide. Cet oblique front bas n'a jamais été visité d'une angoisse sur le renoncement sublime au plaisir, aux affections, à certains devoirs naturels. Pendant des années, des lustres, des siècles, l'on pourra compulser les Écrits qui font foi, on ne trouvera pas un mot qui puisse déceler en Judas aucun « appétit de logique » ni de « mesure ».

Le dernier petit coup de patte au ΜΗΔΕΝ ΑΓΑΝ 3 de l'ordre athénien est tout aussi plaqué et manqué que le reste : Judas n'a jamais connu « rien de trop » dans son art de gripper, de voler, de trahir, il en a toujours subi la brutale ΥΒΡΙΣ 4, aussi immodérée que possible, puisqu'elle attente à l'Infini.

Nulle part non plus, le Judas de l'histoire n'a invoqué, sérieusement, ou pour s'en gausser, les coutumes de ses ancêtres de la cité de Kerioth 5.

L'Évangile nous fait assister au conflit perpétué de l'esprit prophétique et de la vie civile dans Israël, au point où le portaient les infidélités pharisiennes. Mais ce conflit existe à Nazareth, à Bethléem, à Jérusalem, partout. Rien de spécial à la ville ni à la gens de Judas. Les Juifs, s'ils sont entre eux, regardent de travers ce qui vient de Galilée. Ils subissent la réalité du gouvernement romain, ils ruminent leur dogme héréditaire du Messie-roi charnel. Mais ceux qui veulent glorifier Jésus l'appellent « fils de David ». Il est venu naître dans la ville de David. Il pleure en patriote sur la mort de Jérusalem. Pour tout dire d'un mot, les quatre récits sacrés font apparaître une pensée tout aussi légitimiste que celle des auteurs d'Athalie et de la Politique tirée de l'Écriture Sainte 6. Ni le nationalisme intégral, qui est synonyme de ce légitimisme, ni l'empirisme organisateur, qui juge l'arbre par le fruit, n'ont absolument rien à craindre d'aucun Évangile bien lu.

Quant à Judas, l'Écriture ne lui donne jamais la parole sur ce sujet qui le dépasse.

Tout ce secteur de la vie des hommes lui est fermé.

Son royaume est d'un monde infiniment plus bas.

Mais, en exhaussant et surélevant les tréteaux sur lesquels il a fait grimper son bonhomme, en attribuant à Judas soit des curiosités « insatisfaites », soit des jugements ou des sentiments qui auraient « froissé » le compagnon de Jésus, M. Claudel n'offense pas seulement la vérité de l'histoire.

L'ascension injustifiée vaut à Judas des qualifications qui n'ont pas l'unique défaut de ne pas lui convenir. Elles conviennent, et appartiennent à d'autres. Elles leur ont été appliquées. Et à quelques-uns comme de véritables couronnes d'épines, épreuve ou châtiment. Les plus honnêtes apôtres ont eu à les subir. Ils n'ont jamais eu à souffrir la honte supplémentaire de se voir associer le traître dans quelqu'une de leurs nobles fautes ou de leurs erreurs désintéressés.

Ces hommes simples sont des illettrés, non des imbéciles. À chaque instant, nous est exposé leur effort méritoire pour contenter leur raison « insatisfaite », vaincre leurs préjugés rebroussés à vif, donc « froissés ». Voilà des mots qui leur ressemblent ; ils ne sont pas à la ressemblance de Judas. Les apôtres qui travaillent à concilier leur jugement et leur foi, n'y parviennent pas toujours. Leur réflexion poursuit énergiquement la lumière, la trouve, la manque, la retrouve, mais chancelle de nouveau dans une incertitude qui finit par former leur état ordinaire ; saint Jean écrit rondement : « Neque enim fratres ejus credebant in eum ». Ses cousins ne croyaient pas en lui. C'est au chapitre VII. Au précédent, Jésus vient de prononcer un de ses discours difficiles dans la synagogue de Capharnaüm et le fameux murmure court : « ces propos sont durs, qui pourrait les admettre ? » Jésus redouble de duretés inadmissibles. Beaucoup le quittent, Jésus dit alors : « il y a parmi vous quelques-uns qui ne croient pas » et Jean met l'apostille : « Jésus savait, dès le commencement, qui étaient ceux qui ne croyaient pas et qui était celui qui devait le trahir. » Ainsi sont désignées deux équipes, ou plutôt l'équipe qui doute et l'individu qui va trahir. La conjonction unit et distingue : Judas n'est pas confondu dans le premier groupe, bien qu'il en soit logiquement ; il est compté à part en toute occasion. Quelques lignes plus bas, le classement est le même : le cours des défections s'est accentué, Jésus demande aux Douze s'ils veulent aussi le quitter. Simon répond par un acte de fidélité sans réserve, et Jésus poursuit : « Je vous ai choisi tous les Douze, et pourtant l'un de vous est un démon. » Ce que Jean commente aussitôt, « il voulait parler de Judas Iscariote, car c'est lui qui devait le trahir, un des Douze ! » Même insistance dégoûtée dans l'annonce de la trahison et de sa cause inférieure, de sa source infernale, démoniaque, sous-humaine. Aucune trace d'un logicisme quelconque imputé à Judas ; on peut dire : au contraire, car c'est ce qui est visiblement exclu de l'incroyance de Judas. L'ignoble brute disposait-elle seulement de termes distincts pour poser une question de dogme ou de foi ? Était-elle en état de dessiner la figure d'une pensée ?

Autour du Christ, tantôt l'un, tantôt l'autre, presque tous, à la seule exception précise de Judas, connurent une crise, où ils purent se dire « froissés », « insatisfaits » ; cette maladie de l'esprit que M. Paul Claudel prête, de sa grâce, à Judas, n'a en fait épargné que lui.

Voici l'un des plus dévoués et des plus ardents : au premier bruit d'une rencontre de Jésus avec la mort, la mort de Lazare, cet apôtre n'écoute que son bon cœur. Il s'écrie : « Allons, nous aussi, et mourons avec lui ». Qui parle ainsi ? Tout bonnement, Thomas, surnommé Didyme ; c'est le douteur par excellence, qui veut marcher, qui veut mourir… À mauvaise tête, bon cœur.

Presque toujours, avec une bonté miséricordieuse, une fois très sévèrement, Jésus réprimande ceux qu'il estime le plus. L'un des Douze vient de confesser clairement sa divinité. Jésus vient de le déclarer bienheureux, et droit, illuminé du feu céleste ; il sera pierre d'angle de l'Église future, ce qu'il aura délié sur la terre sera délié dans les cieux. Mais le grand cœur ainsi couronné va connaître un fléchissement : l'idée de la Passion, en ce qu'elle a d'indigne et d'inintelligible pour une personne divine, lui fait oser en contester la possibilité, ce qui lui attire ce mot foudroyant : « Satan, arrière ! » Mais ce Satan est de ceux qui portent figure d'homme et non de bête, on le lui dit tout de suite : « Tu n'as pas le sens de Dieu, mais seulement celui de l'homme. » C'est précisément ce que M. Claudel a voulu représenter dans son Judas, un courant de pensée trop humaine, mais ce n'est pas du tout Judas que Jésus vient d'apostropher ainsi, ce n'est pas à Judas qu'il a fait l'honneur de le trouver trop humain. Il est à peine besoin de le dire, il faut le dire tout de même : ce reproche, qui garde sa haute noblesse, est fait au Grand Chef qui vient d'être sacré, à Simon, à Pierre en personne.

Les incompréhensions entre le bon Maître et les bons disciples, continuées jusqu'à la fin, font la grande mélancolie de la vie du Christ : « Nous ne savons pas ce qu'il veut dire », répètent-ils en s'interrogeant l'un l'autre sur des figures qu'Il ne consent pas toujours à leur expliquer. S'ils font parfois des questions saugrenues quant à leur position sur les trônes du ciel, ces querelles de préséance où les emporte la faiblesse de la chair sont beaucoup moins fréquentes que les plaintes de leur pensée sur les difficultés de la sienne : le Thabor les éblouit, le Calvaire ne les éclaire qu'à moitié. À une question de Philippe ont répondu ces mots d'inflexion si pénétrante : « Depuis si longtemps que je suis avec vous, tu ne me connais pas, Philippe ! » « Si cognavisses ! » dit-il à Jérusalem, « si tu avais connu ! » « Et quod non cognaveris » « parce que tu n'as pas connu », lui répète-t-il. Même accent sur Didyme : « Si vous me connaissiez ! »

Les doutes de Didyme l'ont rendu immortel. C'est un point qui mérite d'être vu de plus près.

Bien que Jésus ait conseillé d'arracher, de brûler l'organe ou le membre qui scandalise, sa réponse à Thomas ne renferme point le conseil de renoncer à l'esprit critique ou d'abjurer les curiosités de savoir. Le contresens tolstoïen sur Heureux les pauvres d'esprit ! n'est appuyé ni excusé en rien par l'ensemble de l'enseignement de Jésus. Quand on ferait abstraction de toutes les profondes vues de philosophie générale développées d'un bout à l'autre de l'Évangile de saint Jean, on rencontrerait fréquemment ailleurs de vigoureuses invitations à comprendre. « Écoutez moi tous avec intelligence » (Marc, VIII), c'est le sens du texte grec ; la Vulgate traduit : « Écoutez et comprenez », mots qui distinguent et bénissent deux opérations de l'esprit, l'attention et la compréhension. Plus loin, l'exclamation impatiente : « Et vous ne comprenez pas encore ! » est de l'original grec, mais la Vulgate dit : « Comment ne me comprenez-vous pas ? » Autant se proclamer l'Intelligible essentiel. « Qui peut comprendre, comprenne » dit enfin saint Mathieu, qui sous-entend quelques inégalités antidémocratiques entre les esprits. Toutes ces paroles ont le même aspect d'un dialogue entre Dieu et l'Homme, celui-ci invité à se dresser sur l'extrême pointe de ses facultés afin de voir cette lumière pour laquelle il est né ; qu'il y échoue, qu'il n'y parvienne que trop mal, il ne cesse d'y être appelé, convié et comme aspiré. Aucun des quatre évangélistes ne fait de brocard ou ne cisèle d'ironies contre l'homme sincère et douloureux qui a subi les défaites naturelles de son esprit : « L'esprit est prompt ! » L'usage habituel de l'instrument de travail qui lui a été départi ne donne lieu à aucun reproche, et voici même que l'on s'offre ou que l'on se prête en silence à la vérification désirée. Si Thomas se sert de ses yeux pour examiner, et regarde pour y voir clair, s'il approche et touche du doigt, Jésus ne recule pas, mais accorde cet innocent examen ou se déploient les sens et l'intelligence qu'Il a créés. Il eût mieux valu croire sans voir, dit-il, mais le courageux et ardent apôtre n'est pas rejeté pour cela, ni puni, ni grondé, ni convaincu d'aucun péché, ni induit en aucune tentation nouvelle, et son esprit scientifique ne l'empêche ni de recevoir le Saint-Esprit à la Pentecôte, ni d'aller conquérir la palme du martyre au bout du monde, dans les Indes, dit-on, ni de devenir par la suite le patron du plus grand docteur de l'Église, ce qui doit bien avoir un sens.

Le cas de son chef n'est pas différent ; Pierre n'a pas eu une simple défaillance de connaître, il a été troublé dans sa pensée, il s'est trompé sur sa foi : il n'y a pas perdu les insignes de la primauté, il a gardé l'autorité du témoignage épistolaire avec la gloire de sa croix.

Bref, M. Paul Claudel est laissé seul à insulter ou à faire insulter les incertitudes ou les illusions de l'homme pensant ; il n'a pas le droit d'y associer un personnage de l'Évangile.

De toutes les pensées inférieures qui ont pu assaillir de saints personnages, l'Évangile n'en estime aucune assez basse pour être imputée à Judas. Pécheresses ou criminelles, encore étaient-ce des pensées. Elles passaient à mille piques au-dessus de lui. M. Paul Claudel s'est vainement évertué à en couronner la rugueuse pelure de ces tempes de brute. Mais pourquoi s'est-il donné cette peine ? En vérité, dans quelle vue ? Contre tous les récits, contre les vraisemblances, contre les convenances, d'où cela lui est-il venu ?

Après avoir déguisé son sinistre homuncule en nationaliste de Kérioth, ce qui ne rimait à rien, pourquoi lui a-t-il ajusté ce manteau et cette barbe philosophiques ? L'imagerie universelle fait reconnaître le vrai Judas à ces deux attributs parlants ; pour voler, la sacoche, et pour s'aller pendre, la corde. Cette iconographie résume sa dialectique. Voleur, avare, traître, ce qui sort de ce cadre guinde l'affreux individu à d'inaccessibles hauteurs. La promotion est trop absurde, et on revient toujours à en demander raison à son artisan responsable. Comment M. Claudel l'a-t-il conçu et pourquoi l'a-t-il fabriqué ?

La petite lumière finit bien par briller.

Le courageux ami qui a lu La Mort de Judas s'est même astreint à la relire pour se rendre mieux compte d'une définition de l'avarice sur laquelle il avait légèrement tiqué : ce péché capital y tournait en péché mignon. « La racine de tous les maux c'est l'amour de l'argent », dit saint Paul (Tim. I, IV, 10) 7.

Mais, dit prestement M. Paul Claudel, « qu'est-ce que l'avare, sinon celui qui essaie de garder pour lui seul ce qui lui appartient ?… » Essaie ? Mais l'avare ne se contente pas d'essayer, il garde. Et, de plus, son magot ne lui appartient pas toujours ! Ce n'est pas un simple essai que vingt siècles catholiques ont imputé au mauvais trésorier des Douze, ce n'est pas non plus la conservation de son bien patrimonial : « il volait », nous dit saint Jean. Le sens courant de notre mot d'avarice ne traduit qu'à moitié l'avaritia des Canons ; outre la sordide épargne qui se défend, elle comporte quelque chose d'offensif, fureur non d'accumuler, mais de rapiner, de prendre, brigandage au delà du gain ; il faudrait dire avidité pour le jeu d'un traître voleur. M. Claudel n'y aura pensé que pour l'oublier en vitesse. Mais il ajoute un mot à son indulgent et latitudinaire portrait de l'avare, un mot qui peint le peintre, car son avare, exceptionnel, « essaie » en outre, de garder « tout ce qu'il a d'esprit et de souffle et, aussi, pour employer une expression un peu démodée, tout ce qu'il a d'âme… » Pour le coup, notre ami n'y a pas tenu ; il a éclaté de rire et a même un peu crié son plaisir :

— Vraiment, au pays de l'avare, il ne s'agit, tout d'abord, ni d'esprit ni de souffle, ni d'âme. Il s'agit de sous, Paul Claudel ! Sous à gagner, sous à voler ! Ce que Judas détournait de la caisse évangélique ne participait aucunement d'un pneumatique moral abstrait, c'était du concret, Paul Claudel, et, au lieu de souffle, très exactement de sous ! Comment fait M. Claudel pour nous configurer un avare si réservé sur l'article des sous ? Et comment fait-il lui-même pour l'en croire si détaché ?

Une troisième lecture de La Mort de Judas a été la bonne. Notre ami a pris garde à quatre petits mots dont il ne s'était pas méfié. Page vingt, au texte de Jean « erat enim latro » (car Judas était un voleur), « c'est bientôt dit », objecte M. Claudel. Mais plus vite encore, lui-même cesse d'en rien dire. Il court, il court M. Claudel, comme le furet, sur les voleries de Judas. Regardons-les, nous autres, d'un peu près : Judas volait, quoi ? Judas volait, qui ? Une confiance sacrée était surprise et abusée. Ce n'est pas de quoi « vénialiser » son péché, comme s'y applique son dramaturge et metteur en scène, dont la plume rapide écarte les griefs bi-millénaires de l'Église chrétienne. Après avoir mis dans son Judas quantité de choses qui n'y furent jamais, voilà qu'il en ôte ce qui y est : les sous, les uns grippés par avarice, les autres salement chipés ou gagnés par la trahison. Cette accusation n'étant pas « distinguée », M. Claudel a costumé son grippe-et-chipe-sous en honorable administrateur de sociétés qui a eu des malheurs. Il le fait se plaindre et le plaint. On croit entendre un membre de la majorité républicaine minimisant ou expliquant par les calomnies de la Réaction le trafic du ruban de la Légion d'honneur dans la maison du président de là République, ou l'achat des 104 parlementaires par les chèques du Panama, ou les tripotages financiers et les stupres judiciaires de Rochette 8, d'Oustric 9 et de Stavisky. Ces peccadilles doivent être « bientôt dites » elles aussi ! Hé ! Hé ! d'après M. Claudel, l'on ne sait pas tout. Dans la maison de Béthanie, ce qui a fait dresser les « cheveux sur la tête » à Judas, croit-on que ce soit seulement la folle profusion de Marie-Madeleine ? Non. Cette riche donatrice lui avait promis l'argent de son parfum. Pour le répandre en vain, elle avait manqué de parole à Judas. Pauvre Judas ! Il a été floué par une mauvaise. Voilà le nouvel Évangile. La drôle d'invention ! Ajoutons-la aux définitions idéalistes de l'avare, à leur petit accent de tendresse complice, au silence supérieur gardé sur les sous, aux impossibles raisons intellectuelles proposées en faveur de la trahison… Ces singularités vont toutes dans le même sens. Notre ami a voulu se faire une idée claire de leur auteur. Qu'était-ce donc que ce M. Claudel ? Montrait-il en toute occasion la même ingénieuse indulgence et les mêmes ménagements ? Était-il coutumier d'égards systématiques envers les personnes humaines ?

— Il est très fort en gueule, lui a-t-on répondu, envers les personnes humaines qui ne lui plaisent pas : « Parricide de la France ! » « Le plus grand des scélérats ! » vociféra-t-il au procès Maurras. Il faut que le Judas de l'histoire courante ne lui ait pas trop déplu : ce doit être pour lui garder les sentiments d'un bon chrétien que M. Claudel l'a décoloré et le rebarbouille à sa fantaisie…

— Drôle de fantaisie, se redisait notre ami. Mais il a fini par apprendre ce qui est de notoriété publique. L'auteur de La Mort de Judas est un ancien « ministre plénipotentiaire » au Brésil, dont la mission fut marquée par des affaires de sous, de sous et de café, que l'on n'a jamais éclaircies. Après une carrière très discutée et des services rendus à la seule diplomatie dada de l'époque, cet ambassadeur en retraite profita de son titre ; il se fit élire membre du Conseil d'administration de la société Gnome et Rhône 10 où il gagna beaucoup d'argent à ne rien faire. Ses jetons de présence lui font une rente de 125 000 francs. Sa part des tantièmes lui a valu six à sept millions en douze ans. De ces mœurs de cupidité aux abords de la trahison, il doit exister une pente vive et glissante. On a remarqué, en 1943, lors de la représentation du Soulier de satin à la Comédie française, les scandaleux sourires adressés par M. Claudel au souvenir de Bismarck et à l'État-major de l'Occupation parisienne. On s'est souvenu d'égales risettes adressées à toute l'Allemagne pour la première d'un Christophe Colomb de M. Claudel, à Berlin même, douze ans auparavant. La société Gnome et Rhône qui ravitaille abondamment M. Claudel, a travaillé quatre ans pour la guerre allemande.

On se demande si le vrai Judas n'a pas conquis M. Claudel en lui montrant dans un miroir quelque ressemblance trop vive, et faut-il le ranger dans la même classe de délinquants ? Et Dante leur prépare-t-il dans le prochain Inferno, des bolge 11 limitrophes où voisiner en bons compères et sympathisants ? Pas plus que Harpagon, Shylock et Dreyfus, Judas n'avait à craindre de M. Claudel une peinture poussée au noir. Pour échauffer sa bile et sa verve, il a voulu trouver quelque chose de mieux qu'un simple avare, un simple voleur et le pauvre diable de traître, cela nous a valu une figure de Judas qui est à peine traître, à peine avare, à peine voleur. Les traits communs du modèle et de l'artiste se trouvant ainsi estompés, force est bien de prendre garde à la confession indirecte qui nous livre l'embarras de l'auteur, en même temps que sa vraie nature. Par exemple, plus M. Claudel en dit, et plus le Judas « bientôt dit » s'évapore du monologue fallacieux, mais c'est pour courir s'agglomérer au type moral de M. Claudel.

L'Histoire est une opération mineure de l'esprit humain. Elle n'est que servante de la Philosophie, de la Poésie, de la Religion, de la Politique et de l'Art. Mais cette servante fidèle est digne de respect. Gardons-nous de rabaisser son noble service. Craignons de la laisser corrompre. Personne n'a le droit d'arracher aux figures importantes du Passé humain cette honorable ressemblance à leur exacte vérité. Un écrivain ou un artiste qui, sans raison valable, ose contredire à ces données de fond altier, vicie et gaspille le trésor des générations. Il contribue à des désordres qui mènent loin. On ne touche pas à Socrate. On ne touche pas à Judas. Dans cette direction les sectes ont beaucoup gagné, même sur l'Évangile, et la mystagogie des démocrates, tolstoïstes et roussiens, en a tiré d'absurdes confusions qui n'ont rien valu pour le monde.

Aucun signe ne permet de juger que le laborieux effort de M. Claudel se soit inspiré d'un intérêt de petite Église, autre que la chapelle des dévôtes et dévôts de ce grand Mage. On peut me dire avec raison qu'il a voulu mettre ses adversaires « intellectuels » ou nationalistes sous le patronage d'un Judas, et qu'il a cru les affubler de cette défroque. Mais le coup est manqué, ce n'est qu'une étiquette arbitraire, comme celle de Gorenflot 12 : je te baptise Judas. Ce sobriquet ne fera de mal à personne.

M. Claudel a subi sans doute aussi la réminiscence passive des médiocres propos de Goethe. En acceptant le point de vue, en se plaçant sur ce terrain de l'ennemi, il s'est fait faire prisonnier, les dégâts ont été portés dans son propre jardin. Ces vagues ironies suppléent mal à la censure de la rapacité, du vol et de la trahison ; elles ne peuvent atteindre en définitive personne ni rien que la Foi cherchant sa Raison ou la Raison cherchant sa Foi… Rien n'excuse un pareil gâchis, et rien ne l'explique fors certains goûts profonds de M. Paul Claudel. Il déteste l'intelligence, hait sournoisement sa patrie et aime l'argent. Ce sont les trois clefs de cette Mort de Judas qui n'est que la promotion du traître, ou, si l'on veut, sa résurrection glorieuse.

Charles Maurras
  1. Œuvre publiée en 1944. (n.d.é.) [Retour]

  2. Anne Catherine Emmerich, 1774-1824, religieuse allemande célèbre par ses stigmates et ses visions. Voici quelques extraits de sa Vie de Notre Seigneur Jésus-Christ concernant Judas : « Dans ses entretiens, il s'appliquait à faire croire qu'il avait des rapports intimes avec de grands et de saints personnages, et parlait avec outrecuidance là où il n'était pas connu. Mais si des personnes mieux informées venaient à le démentir, il se retirait tout confus. Ambitieux, avide d'honneurs et d'argent, il avait toujours cherché à faire fortune, aspirant vaguement et sans trop se l'avouer à quelque dignité, aux distinctions, à la richesse. La vie publique de Jésus avait fait grande impression sur lui. Il voyait les disciples nourris, et le riche Lazare dévoué à Jésus ; on croyait que le Sauveur établirait un royaume. Judas avait donc grande envie de devenir son disciple et de participer à sa gloire, qu'il pensait devoir être de ce monde. » La bienheureuse décrit ici un genre de personnage qu'on voit souvent frapper à la porte des partis politiques, et dont l'Action française a du voir passer un certain nombre… (n.d.é.) [Retour]

  3. « Rien de trop » l'une des maximes attribuées aux sept Sages de la Grèce antique, dite athénienne par Maurras puisqu'elle est généralement attribuée à l'athénien Solon. (n.d.é.) [Retour]

  4. En grec : l'excès, la démesure. (n.d.é.) [Retour]

  5. Cariotte, Kerioth, Iscariot ; d'après Catherine Emmerich, il s'agissait d'un village d'une vingtaine de maisons, situé aux abord de la ville de Méroz. Pas de quoi en faire l'objet d'un nationalisme de clocher ! (n.d.é.) [Retour]

  6. L'ouvrage de Bossuet. (n.d.é.) [Retour]

  7. La sagesse helléno-romaine avait déjà qualifié l'avarice « le souverain mal » :

    In mare proximum
    Gemmas et lapides, aurum et inutile
    Summi materiem mali,
    Mittamus, scelerum si bene poenitet.

    (Horace, III, 24)

    [n.d.é. : ce sont les vers 47 à 50 de cette ode dont le titre est Contre l'avarice. Ils sont en fait à cheval sur les deux strophes 12 et 13, dont voici la traduction de Henri Patin en 1860 : « Au Capitole, où nous appellent les acclamations et la faveur de la foule, ou bien à la mer la plus prochaine, hâtons-nous de jeter nos perles, nos pierreries, tout cet or inutile, aliments de notre misère ; montrons-nous par ce sacrifice vraiment repentants de nos crimes. Mais il nous faut d'abord extirper les germes de nos passions dépravées, former par une plus mâle discipline notre jeunesse amollie. »] [Retour]

  8. Henri Rochette, émetteur d'obligations en bois du Crédit Minier, arrêté en 1908 après avoir provoqué la ruine de milliers d'épargnants, avait bénéficié de complicités actives dans le monde politique. (n.d.é.) [Retour]

  9. Albert Oustric, né en 1887, commence sa vie comme garçon de courses et chanteur amateur, puis s'improvise banquier. En fait il ne connaît que la cavalerie et parvient à développer ses affaires grâce à la complicité d'hommes politiques qu'il sait corrompre. Ce sera en particulier le cas du garde des Sceaux Raoul Péret, également président de la Mutualité française. Le scandale provoqua la démission du gouvernement Tardieu, le 4 décembre 1930. (n.d.é.) [Retour]

  10. Société née en 1915 de la fusion des entreprises Gnome et Le Rhône, spécialisée dans la construction de moteurs d'avion et de motocyclettes. Elle fut nationalisée après la Libération pour devenir la SNECMA. (n.d.é.) [Retour]

  11. Le huitième et avant-dernier cercle de l'Enfer de Dante est réservé aux fourbes, classés en dix catégories qui sont les bolge, chacun d'entre eux correspondant à un supplice différent. Les dix bolge reçoivent respectivement les séducteurs, les flatteurs, les simoniaques, les astrologues, les prévaricateurs, les hypocrites, les voleurs, les calomniateurs, les hérésiarques et les faussaires, catégories qui, on l'imagine bien, se recouvrent largement ! (n.d.é.) [Retour]

  12. Allusion au moine Gorenflot, personnage de Dumas père dans La Dame de Monsoreau. (n.d.é.) [Retour]

Texte de 1948.

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